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la diaspora algérienne dans l’attente de signaux forts du gouvernement - par djoudi

 

Le colloque sur la contribution de la diaspora algérienne à l’investissement en Algérie organisé, par les associations REAGE et AIDA le 11 octobre 2012 à Paris, a attiré selon les estimations d’un des organisateurs environ 250 personnes en provenance de France et d’Angleterre.

De notre

envoyé à Paris

Ils étaient pour la plupart en quête d’informations susceptibles de les conforter sur la volonté du gouvernement algérien de solliciter sincèrement leur contribution en leur facilitant notamment le travail d’approche. Ils ne trouveront malheureusement rien de nouveau dans les informations qu’ils ont pu glaner au niveau des institutions publiques et associations algériennes présentes à ce forum. Rien également au niveau des exposés qui se sont contentés de dresser un état des lieux déjà connu au moment où les élites expatriées présentes attendaient surtout de saisir, à travers le discours de notre ambassadeur en France, des signaux forts du gouvernement algérien.

Des signaux forts, il n’y en aura point et notre diaspora qui a déjà fort à faire dans le pays d’accueil continuera légitimement à attendre que quelque chose de nouveau, mais surtout de positif se passe en Algérie pour éventuellement prendre une décision en matière d’investissement. Evoquée périodiquement à coups de slogans plutôt que d’objectifs concrets et de moyens pour y parvenir, la question de la contribution de notre diaspora n’a de ce fait pas connu d’avancée notable. La question revient en effet de façon récurrente depuis la fin des années 1970, période à laquelle les autorités du pays avaient nourri l’espoir de la faire participer au développement du pays en offrant notamment aux élites les mieux formées des carrières dans nos universités et centres de recherche.

En faisant valoir des considérations d’ordre patriotique et sentimental plutôt que des garanties d’utilisations rationnelles bénéfiques, aussi bien pour le pays que pour les concernés, les appels des autorités politiques algériennes se sont constamment avérés  infructueux. Peu d’élites expatriées ont en effet tenté l’aventure de s’installer dans leur pays d’origine et pour ceux qui ont pris le risque de le faire, la déception suivie d’un retour à la case départ a souvent couronné l’initiative. Il faut dire qu’il a toujours existé dans notre pays un net décalage entre le discours politique favorable à un  recours intensif à notre diaspora et la réalité du terrain faite, comme on le sait, de réticences au recours aux élites expatriées que d’aucuns, parmi les responsables en poste, considèrent comme des concurrents potentiels.

La machine bureaucratique est alors actionnée pour les dissuader de se mettre au service de leur pays. Mais, pire encore, les machinations destinées à dissuader ces élites à revenir dans leur pays affecteront également les diplômés locaux qui sortent des universités algériennes et qu’on encouragera par toutes sortes de moyens pernicieux à quitter l’Algérie pour se mettre au service de pays étrangers. C’est ainsi qu’en moins de trente années, la diaspora algérienne à l’étranger aurait atteint le chiffre astronomique de 300 000 personnes, selon les estimations du REAGE.

Que de promesses non tenues !

Les données économiques et sociales plaidant aujourd’hui pour un appel à ces élites qui disposent, il est vrai, d’un très fort potentiel de contribution à l’effort de développement, il est dans la logique des choses de solliciter leurs apports et contributions multiformes, notamment en matière d’investissement et de création d’entreprises. Mais l’efficacité de la communication en direction de ces élites requiert que l’on change de méthode et qu’on abandonne l’approche sentimentale qui a montré son inefficacité, au profit d’une méthode plus pragmatique consistant à considérer les élites expatriées non pas comme des personnes tenues de remplir un devoir patriotique, mais comme des acteurs économiques autorisés à bénéficier des retombées positives de leurs actions. Il faut dire que ces dernières offrent la particularité d’être bien intégrées dans leur pays d’accueil, où elles ont, selon le cas, créé des entreprises, lancé des affaires qui marchent ou recrutées à de bons postes d’enseignants et chercheurs dans les universités et centres de recherche.

Elles n’envisagent une relation avec leur pays d’origine que dans la mesure où elles ont quelque chose à y gagner et qu’elles y partent avec un maximum de chances de réussite. On ne peut évidemment que comprendre ce souci de garantie quand on connaît l’instabilité juridique et le manque de visibilité économique qui prévalent dans notre pays, au point d’avoir valu de sérieux déboires aux élites expatriées qui s’y sont aventurées imprudemment sans prendre le soin de mesurer les risques financiers et managériaux qui les attendaient. Ce souci est d’autant plus compréhensible que les possibilités d’emploi et d’investissement sont énormes à travers le monde, où de nombreux pays sont en concurrence pour les attirer en rivalisant sur les avantages incitatifs.

L’Algérie ne semble malheureusement pas s’inscrire dans cette logique et en dépit des discours d’intention, force est de constater que rien de sérieux n’est malheureusement fait pour rendre le pays attractif aux investisseurs, en général, et à notre diaspora en particulier, qui pourrait, à l’évidence, jouer un rôle considérable en matière de promotion de l’investissement, de création d’entreprises, d’accompagnement des exportations hors hydrocarbures et de recherche-développement. Les appréciations malheureusement négatives des institutions internationales (Banque mondiale, FMI, etc.) que ces élites ne manquent pas de lire ne sont à l’évidence pas faites pour les inciter à engager de sitôt une aventure économique en Algérie. N’étant pas dans le besoin, il est bien évident que nos élites expatriées n’agiront en faveur du développement de leur pays que lorsque les gouvernants algériens auront enfin consenti à opérer les changements structurels souhaités. Ce que ces derniers ne sont, sommes nous forcés de constater, pas du tout pressés de faire.
 

 

Nordine Grim, El watan
 

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